— 3l2 — de là dépend en partie fa bonne inclination, pour ce qu’il tient ordinairement plus du naturel de celle qui l’a alaiélé, que deceluyqui l’a engendré, comme l’an tiquité a tres-bien expérimenté en Titus fils de Vef- pafian, & en plufieurs autres, lequel (ainfi qu’efcrit Lampride) fut tout le temps de fa vie fuiet à plufieurs maladies & infirmitez, à caufe qu’il auoit efté baillé à nourrir à une nourrice fuiette à maladie. Mais le pis eft qu’il demeure quelque imprefïïon & caraétere auxames de cette vicieufe nourriture, comme le Grec efcrit au fécond liure des Cefars, lorfqu’il fait mention de Calligula quatrième Empereur de Rome : les cruautez & infamies duquel n’eftoient imputées à pere ny a mere : mais à la nourrice qui l’alaiéla, la- 335 quelle outre qu’elle || eftoit cruelle & barbare d’elle- mefme, encore frotoit elle quelquefois le bout de fa mamelle de fang, & le faifoit fuccer à l’enfant qu’elle allaitoit. Si la nourrice eft iurongne, elle préparé l’enfant à conuulfion & débilité, mefme le fera yurongne & comme on lit en la vie de l’Empereur Tibere, qui fut grand yurongne, parceque la nourrice qui l’alaiéloit non feulement beuuoit excefliuement, mais elle feura l’enfant auec des fouppes trempées à du vin. Et voyla pourquoy le diuin Platon entre les Grecs & Lycurgue entre les Lacedemoniens ordonnèrent & commandèrent en toutes leurs loix, non feulement que toutes les femmes fimples, mais les bourgeoifes, Damoifelles & de moyen eftat, nourriflent leurs en- fans, & celles qui eftoient Princefles & délicates au moins qu’elles nourriflent leurs enfans aifnez,à caufe