— 538 — me touchant le Baptefme de leur petite fille, les eu rent bientoft vaincus de raifons, & faiéls confentir de rechef qu’elle ferait baptizée, ce qui fut fait par le R. P. Lallemant, à la priere du P. lofeph. L’on ne luy impofa point de nom pour eflre proche de fa fin, car elle mourut le foir mefme de fa nailfance, non en Payenne, mais en Chreftienne, qui luy donne le iufle titre d’enfant de Dieu & cohéritière de fa gloire. 587 Le pere & la mere furent fort affligez de || la mort de celle fille plus qu’ils n’euffent ellé de celle d’un garçon, entant comme i’ay dit ailleurs, qu’elles ne fortent point de la maifon du pere, & que fi elles fe marient il faut d’ordinaire que les gendres viennent demeurer auec elles au logis de leur beau-père. L’on confola ces pauures gens au mieux que l’on peut, apres quoy le P. lofeph leur demanda le corps de la deffuncte qu’ils auoient enueloppé à leur mode, pour la mettre en terre fai nete au Cimetiere proche Kèbec, mais le pauure homme eftoit tellement paffionné pour fa fille morte, qu’il la vouloit garder & la porter par tout où il yroit, difant que puis que fon âme eftoit au Ciel, elle prierait Latahoquan, qui eft le Créateur, pour fa famille, & qu’elle n’auroit iamais de faim. Et comme on luy eut dit qu’à la fin il fe laf- feroit d’un tel fardeau, il refpondit que du moins il ne la vouloit pas enterrer que ceux de fa Nation ne fuffent arriuez à Kebec pour en faire le feftin plus folemnel, & leur tefmoigner par effect l’ayfe & le con tentement qu’il auoit du Baptefme de fa fille, & qu’à prefent il fe pouuoit dire parent & allié de tous les François depuis cette magnificence.