— 536 — perfonnes qui n’eftoient pas encores Chreftiens n’y * en termes de l’eftre. Le bon Saunage fe voyant fi eftroiclement obligé, fit plufieurs complimens à fa mode, & des remer- ciemens qui tefmoignoient allez le reffentiment de tant de bienfaits, & entre autre chofe, il dit au Pere lofeph: le voy bien que tu as un bon cœur, & que tu m’aime bien & toute ma famille femblablement, c’eft pourquoy ie te la recommande derechef, & te prie de ne permettre qu’elle aye aucune neceffité. Si ma femme accouche pendant que ie feray abfent, ne laifle point mourir l’enfant fans eftre baptifé, puis que tu dis qu’il le faut eftre pour aller au Ciel, elle en fera bien ayfe, & moy auffi, car luy en ayant parlé elle me l’a tefmoigné. Et apres plufieurs autres difcours 585 l’on luy promift d’en auoir le foin, & puis || partit pour fon voyage du Saguenay apres auoir cabané fa famille proche le fort des François. Il ne fe pafla pas un long temps apres fon départ, que fa femme fe trouuant mal, elle en fift aduertir le P. lofeph & le prier de luy enuoyer quelque peu de viures pour faire fes couches , car ceux de fa Nation ne la pouuoient ayder ny fecourir de quelque chofe que ce foit. Le pauure Pere ayant receu cet aduertiflement, luy en enuoya autant qu’il pû par Pierre Anthoine & le petit Neogauachit, auec commandement de le venir aduertir dés l’inftant qu’ils fçauroient la fin de fa couche, pour aller baptizer l’enfant, à quoy obtempé rant ils ne manquèrent point, car encore bien qu’elle en fift quelque difficulté au commencement, elle y