— 5 2 6 — 5y3 || queceuxdeta Nation ne dient point quel’eauëdu Baptefme t’aura fait mourir fi Dieu t’appelle de ce monde apres iceluy, mais que c’a efté pour te deliurer des miferes que tu fouffre, & te rendre bien-heureux en Paradis, à quoy refponditle malade, qu’il le croyoit ainfi, & que ceux qui croiraient le contraire ne fe raient pas fages. Lors fon beau-pere ayant ouy fes plaintes & fceu le mauuais deffein de quelques Saunages, feleuaen fur- faut & dit : ie ne fçay comme il fe peut trouuer des perfonnes de fi petit efprit, que de croire qu’un peu d’eau foit capable de nous faire mourir. Ne fcait-on pas bien qu’il faut que tous les hommes meurent, baptifez ou non baptifez, & que nous ne femmes icy que pour un temps. Ce font des mefchans, qui attri buent de fi mauuais effets au baptefme que ces Reli gieux nous confèrent pournoflre falut. Ha, dit-il en cholere, fi ie rencontre iamais de fes malins, ie les feray tous mourir, & ne fupporteray iamais qu’aucun tort foit fait à ces Peres, encores que mon gendre vienne à mourir, puis fe pourmenant à grand * pas d’un bout à l’autre de la cabane, auec une hache en la main, difoit d’une voix forte : Vous autres de ma Nation, & vous mes amis, parlant aux Algou- mequins (car il eftoit Montagnais), ie vous dis que ie veux que mon gendre foit baptizé, puis qu’il le veut eftre, & qu’il en a le deflein depuis un fi long-temps; 574 faut-il vouloir du mal à ceux qui nous veu- || lent du bien, rendre des defplaifirs pour des bien-faits, vous auez trop d’efprit pour le vouloir faire, mais ie vous affeure que ie couperay la tefte à tous ceux qui y con-