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— 287 — mariez ou non mariez, & mefmes plufieurs vieillards & femmes decrepites par deuotion. Les villages cir- conuoifins ont le mefmeaduertiffement, & s’y portent auec la mefme affection à la liberté d’un chacun, car 011 n’y contraint perfonne. Cependant on difpofe l’une des plus grandes caba nes du lieu, & là eftans tous arriuez, ceux qui n’y font que pour fpeclateurs, comme font les vieillards, les vieilles femmes, & les enfants, fe tiennent afïîs fur des nattes contre les eftablies, & les autres au deflus, le long de la cabane, puis deux Capitaines eftans de- bouts, chacun une tortue en la main (de celles qui feruent à chanter, & foufler les malades) chantent ainfi au milieu de la dance, une chanfon, à laquelle ils accordent le fon de leur tortue; puis eftant finie ils font tous une grande acclamation difans, Hé, é, é, é, puis en recommencent une autre, ou repetentla mefme, iufques au nombre des reprifes qui auront efté ordon nées, & n’y a que ces deux Capitaines qui chantent, & tout le refte dit feulement, Het, het, het, comme quel qu’un qui afpire auec vehemence, & puis toufiours à la fin de chaque chanfon une || haute & longue accla- 3o6 mation difans, Hé, é, é, é. Mais ce qui eft loüable en eux eft, qu’il ne leurarriue iamais de chanter aucune chanfon vilaine ou fcandaleufe, comme l’on faiét icy, auffi lors que quelque François chantoit & qu’ils luy demandoient l’explication de fa chanfon, s’il leurdi- foit qu’elle eftoit d’amour, ou mondaine, ils n’en ef- toient pas contans, & difoient Danftan téhongniande, cela n’eft pas bien, & ne le vouloient point efcouter. Toutes ces dances fe font en rond , mais les dan- 19.