ils ont moyen de vous affifter en vos neceftitez corpo relles, & esleuer de vos enfans dans leurs maifons lorfqu’ils * feront bafties, ce que nous n’auons pû faire nous autres, à caufe de noftre pauureté, & que nous ne viuons qued’aumofnes qui nous fontefcharfement données par les François, defquelles fi nous vous fai- fons part ils ne font pas contans, comme l’auez pû ap- perceuoir, ny mefme des chofes qui nous fontbefoin. 56o |l II leur fift encor plufieurs autres difcours, tou chant la gloire des bien-heureux & les tourmens des damnez ; & fur la fin il leur recita les Commandemens de Dieu qu’ils comprirent fort bien, mais quand il vint au fixiefme commandement Non mecaberis, la plufpart fe prirent à rire, difans que cela ne fe pouuoit obferuer; mais d’autres plus fages leur refpondirent : les Peres l’obferuent bien, car ils n’ont point de fem mes & n’en veulent point auoir, pourquoy non nous autres ? A la fin du difcours un des Capitaines nommé Chi- méourinion, prift la parolle & dit : Il eft vray que nous n’auons point d’efprit, de voir que depuis douze Hy- uers que tu es icy, & que tu nous as tant de fois parlé du chemin du Ciel & de te donner de nos enfans, pour eftre nourris & inftruiéts (ils mettent toufiours la nour riture auant l’inftruétion,) en ta Religion & en tes ce remonies, nous ne t’en auons encor point voulu don ner que fort rarement, en partie à caufe de ta pauure- té, & auons négligé noftre inftruétion & le bien que tu nous procurais, ne penfans pas qu’il nous fuft ne- ceflaire. Tu monftre bien que tu nous ayme grandement,