— 5o6 cris, & d’appelerle Pere lofeph à fon ayde, ce qu’ayant fait lafcher prife à ce fantofme, il luy emporta fon chapeau à plus de trois cens pas de là. S’eflant releué, il fe prit à crier, & courir de toute fa force, fans fçauoir où eftoit fon chapeau, lequel il retrouua au milieu du chemin fort loin d’où il luy auoit efté pris, & l’ayant ramaflé non fans quelque apprehenfion du malin efprit, qui l’auoit l’a * porté, il ouyt une voix qui luy dit derechef, quitte donc ces Calfcoue ou acepet (ainfi appellent-ils les Recollefls). Il refpondit : ie n’en feray rien, & fuyoit toufiours vers le Conuent en criant aux Religieux qu’ils l’allaf— fent fecourir, lequel ayant eftéà la fin entendu,lePere lofeph enuoya Pierre Anthoine pour voir que c’eftoit, car on ne pouuoit encor difcerner la voix que con- fufement. Eftant rencontré il conta à Pierre Anthoine fon infortune, & les frayeurs qu’il auoit eu de ce fantofme, le priant au refte de n’en dire mot à per- fonne, peur que cela ne retardât fon baptefme, ou que l’on en conceut quelque mauuaife opinion de luy, ce qu’ils tindrent fort fecret iufques au temps qu’il le fallut defcouurir. l’ay eu diuerfes penfées fur ce fan tofme, & m’eft venu en l’opinion que ce pouuoit eftre Choumin mefme, qui l’auoit enuoyé à fon fils pour 552 luy faire quitter le party de Dieu, || car comme i’ay dit ailleurs il eftoit eftimé un fort grand Pirotois. Ce foir mefme les bons Peres lefuites qui eftoient logez à noftre departement d’embas, donnèrent àfoup- perà nos Religieux, qui leur en donnoient auffi réci proquement, où ils menèrent Pierre Anthoine, &un autre Sauuage qui nous auoit promis fon fils, puis le