— 285 — tué un eslan de la telle duquel il auoit fait feftin auec du bled d’Inde qu’il auoit enuoyé quérir à Kebec, 8. ou 9. lieues de luy. Le lendemain il dit fon fonge à Choumin auant qu’il allait à la chaffe, à laquelle il frappa ce iour là mefme un ieune eslan deux fois de fon efpée, fans || qu’ilpû l’aborder ny l’atteindre,pour 3o3 luy donner un dernier coup, de maniéré qu’il futcon- trainét (à caufe qu’il fe faifoit tard)de laiffer là fa belle, & s’en retourner à fa cabane, où il contaà fon fongeur ce qui luy efloit arriué, qui luy refpondit qu’affeure- ment la belle eftoit morte, & l’enuoyerent chercher le lendemain matin par un de leur * parens, qui la trouua abbatue à trois lieues de leur cabane, cent pas d’où elle auoit efté frappée. Ce fut là une heureufe rencontre pour luy & toute leur famille, car ils fe regalerent & fe remplirent à plaifir, après auoir enuoyé quérir du bled d’Inde à Kebec, qui fut l’accompliffement du fonge de Man- touifcache. Je ne veux pas glofer là delfus, mais i’ad- mire que le Diable ayt pû fi precifement conieélurer tout ce qui deuoit arriuer, car encor bien que Chou min pû en auoir dit quelque chofe par efperance, la chofe n’eftoit point affeurée, & pouuoit ne point ar riuer, car enfin le Diable ne içait pas les chofes fu tures que par des conieclures, fi Dieu ne luy reuele pour la punition de ceux qui ont recours à luy. le m’oubliois de dire qu’aux repas ordinaires de tous nos Sauuages, auffi bien qu’en leurs banquets & fellins , on donne à un chacun fa part, d’où vient que s’il y a de la viande ou du poilfon à départir, il n’y en a que 3. ou 4. qui ayent ordinairement les meilleurs