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— 477 “ uoit comme de pere fyndique dans le pays, & nous voyoit auffi fouuent qu’il croyoit ne nous eflre point importun, & nous trouuans par-fois de genoüils prians Dieu, il s’y mettoit auprès de nous, les mains ioinétes, auec une pollure qui donnoit de la deuotion, & ne pouuans d’auantage*, iltafchoit ferieufementde contrefaire nos geftes & ceremonies, remuant les leures, puis esleuoit les mains & les yeux au Ciel, & y perfeueroit iufques à la fin de nos offices & Oraifons, qui eftoient affez longues, & luy aagéd’en- uiron foi- || xante & quinze ans. O mon Dieu que cet 519 exemple deuroit confondre les Chreftiens! & que nous dira ce bon vieillard Sauuage, non encore bap- tifé, au iour du lugement, de nous voir plus negli- gens d’aymer & feruir Dieu, que nous congnoiffons, & duquel nous receuons iournellement tant de grâces, que luy qui n’avoit iamais efté inftruiél que dans l’efcole de la gentilité, & ne le cognoiffoit en core qu’au trauers les efpaiffes tenebres de fon igno rance. Mon Dieu, refueillez nos tiédeurs, & nous efchauf- fez du feu de voftre diuin amour, car nous fommes pour la pieté, en quelque chofe plus froids que les Sauuages mefmes. Ce bon homme m’importuna fort de luy donner un petit Agnus Dei, qu’il porta à fon col, auec tant de refpect & de deuotion, qu’il n’yauoit aucun François qui en fift plus d’eftat, non pour la beauté de lafoye de laquelle il eftoit enueloppé, mais pour la croyance qu’il yauoit, lequel il conferuoit tellement que peur de le perdre, il le fit encore cou- urir d’un autre morceau d’eftoffe.