— 456 — Ilscroyent qu’en effeét il y a de certains efpritsqui dominent en un lieu, & d’autres en un autre, les uns aux riuieres, les autres aux rochers, aux arbres, au feu & en plufieurs autres chofes materielles, auf- quels ils attribuent diuerfes puiffances & authorités, les uns fur les voyages, les traides & commerces, les autres à la pefche, à la guerre, aux feftins, és mala dies & en plufieurs autres affaires & négoces. Ils leur offrent parfois du petun & quelque* fortes de prières & ceremonies ridicules, pour obtenir d’eux ce qu’ils défirent, mais le plus fouuent fans profit; il n’y a que les démons qui ne foient pas les bien-ve nus chez eux , lefquels ils châtient de leur village à force de bruits, pour ce qu’ils leur caufent toutes leurs maladies à ce qu’ils difent. Et en effect mon grand oncle Auoindaon, eftant tombé malade me prioit de fort bonne grâce de ne permettre pas que le démon le fift mourir. 496 || Ils m’ont monftré plufieurs puiflans rochers fur le chemin de Kebec, aufquels ils croyent prefider quelque efprit, & entr’autres ils me monflrerent un à quelque cent cinquante lieues de là, qui auoit comme une telle & les deux bras esleuez en haut, &au ven tre au milieu de ce grand rocher il y auoit une pro fonde cauerne de tres-difficile accès. Ils me vouloient perfuader & faire croire à toute force auec eux, que ce rocher auoit efté autrefois homme mortel comme nous, & qu’esleuant les bras & les mains en haut, il s’eftoit metamorphofé en cette pierre, & deuenu à fucceffion de temps un fi puiffant rocher, lequel ils ont en vénération & luy offrent du petun en paffant