— 279 — Perfonne ne fe plaint du mauuais goult des viandes aux feftins de nos Canadiens, on ne dit point elles font trop cuittes, elles font mal nettes, trop efpicées, mal falées, la fauce en eft amer & d’un gouft fade, qui me fa ici bondir le cœur & me rauit l’efprit du corps, non : mais on y mange Amplement les viandes feruies & telles que le maiftre les donne, fans faire la mine & fe plaindre de chofe qui foit, pour n’eftre eftimé impertinent, croyans que le cuifinier & celuy qui traiéie ont tafché de bien faire, & que de les blaf- mer ferait fe rendre blafmable foy-mefme. Ils font quelquefois des feftins où l’on ne prend que du petun auec leur petunoir, qu’ils appellent Anondahoin : & en d’autres où l’on ne mange rien que des petits pains de bled d’Inde, cuits fous les cen dres chaudes. Aucune fois il faut que tous ceux qui font au feftin foient affis à pluiieurs pas l’un de l’autre,& qu’ils ne fe touchent point. Au tre fois quand les feftinez fortent, ils doiuent faire une laide grimaf- fe à leur hofte, ou à la malade, à l’intention de laquelle le feftin aura efté faiét. A d’autres il ne leur eft permis de lafcher du vent 24. heures, par une opi nion qu’ils en mourraient incontinent apres, quoy qu’ils mangent en tels feftins que chofe fort venteufe, comme font une efpecede petits pains bouillis. Quelquefois il faut après qu’ils font bien faouls & ont le ventre bien plein, qu’ils || rendent gorge au- 297 prés d’eux, ce qu’ils font facillement & ne s’en tien nent pas moins honneftes & ciuils car eftant l’ordre ils l’obferuent comme action de religion ou de fuperf- tition, car telle eft leur religion de croire à leurs folles