— 277 ~ tous relpondent ho, leuans laderniere fillabe à chaque fois, puis frappent du poing contre terre d’autant plus gaillardement qu’ils eftiment ce fe- || ftin & l’ex- 294 cellence des viandes qui leur doiuent eftre feruies. Les Montagnais ont cela de particulier qu’en difans les mots du feftin, ils annoncent auffi fi c’eft un feftin à tout manger, car quand ce n’eft pas à tout manger, ils remportent le relie chacun à fa cabane, pour leurs femmes & leurs enfants, qui eft une couftume loüable. Cela faict les Officiers vont de rang en rang prendre les efcuelles de tous, les unes apres les autres, qu’ils emplillentde brouet auec leurs grandes cueillieres, & recommencent toufiours à remplir, tant que la chau dière foit nette, & fi c’eft un feftin à tout manger, il faut qu’un chacun auale tout ce qu’on luy a donné, & s’il ne peut pour eftre trop laoul, qu’il fe rachepte de quelque petit prefent enuers le maiftre du feftin & faffe acheuer fon efcuelle par un autre, tellement qu’il s’y en trouue, qui ont le ventre fi plein, qu’il leur bande comme un tambourin. Ce grand Philofophe Platon cognoiflant le dom mage que le vin apporte à l’homme, quand il eft pris auec excez, difoit : qu’en partie les Dieux l’auoient enuoyé ça bas, pour faire punition des hommes & prendre vengeance de leurs offences, les faifans (après qu’ils font yures) quereller & fe tuer l’un l’autre, comme il n’arriue que trop fouuent par deçà entre gens de petite condition & de petit efprit. Chofe fi hi- deufe, que pour en faire abhorrer le vice, les Lacede-1| 295 moniens fouloient faire voir à leurs enfants leurs ef- claues pleins de vin.