CHAPITRE IV. 85 Si la jeune fille, satisfaite de ce simple gage, ne repousse pas son chaland, celui-ci dès lors est autorisé à se présenter aux bons parents pour débattre avec eux les conditions du mar ché. La famille du jeune homme, soutenue par de loquaces entremetteurs des deux sexes, de qui le rôle rappelle assez bien celui que joue, en pareil cas, le tailleur dans les mariages bretons, se rend chez les parents de la fille, qui sont d’ailleurs prévenus de son arrivée, et étale devant eux des nattes, des colliers de serpentine, des ouatchichis, ou coquilles-mon naies, des jupons de femmes en fibres de bou- rao, des tillits, des paniers, des marmites, et un collier de monnaie calédonienne. Là s’entament d’interminables discussions, dans lesquelles ]’un des partis fait valoir ce qu’il donne dans un style emphatique, tandis que l’autre le rabaisse avec tout autant de verve et d’exagération. Le futur beau-père se décide enfin à enlever les cadeaux étalés, qu’il va remettre à sa fille, non sans escamoter en chemin tout ce qui est monnaie. Il revient alors vers la famille du prétendant, suivi cette fois de sa fille et de quelques matrones, char-