54 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. avait été condamné quelques années aupara vant, pour refus d’obéissance, à un interne ment dans l’île des Pins; il y mourut. On prétendit qu’une Sœur avait porté sa tète à Pouébo, et que le père Villard la montrait aux naturels en les excitant à la vengeance. Ce mariste fut accusé d’avoir eu connaissance du complot, et d’avoir reçu des noirs une hache en jade pour prix de son silence. L’accusation tomba faute de preuves. La tribu tout entière fut déclarée civilement responsable, et, en outre, la guillotine, montrée pour la première fois aux yeux des Canaques, fit rouler neuf têtes sur la plage de Pouébo. Malheureusement, le commandant chargé d’y installer un poste fut forcé d’accabler les noirs de corvées. Peut-être même se montra- t-il un peu négrophobe. Les esprits recom mencèrent à fermenter, et, un an après, jour pour jour, heure pour heure, six soldats, qu’il avait envoyés, à quelques lieues du poste, réquisitionner de nouvelles corvées, furent surpris, tués et mangés, ainsi qu’un colon de la côte, nommé Antonio. Pendant un an, des expéditions, à plusieurs desquelles j’eus l’hon neur de prendre part, dévastèrent le pays,