CHAPITRE II. 51 chassé les missionnaires français qui, avec leur manque de tact habituel et leur prosélytisme intolérant, choquaient toutes les idées et tous les préjugés des noirs. Bouarate ne voulait -plus, disait-il, de ces sorciers qui, derrière la soutane du prêtre, cachaient mal un industriel sous le nom de frère travailleur, et un espion sous le nom de catéchiste. De par ce chef re douté, il fut défendu d’être catholique dans la tribu, et, en 1857, quelques Canaques chré tiens qui, en dépit des menaces, étaient venus relâcher sur la côte d’Hienguène, furent mas sacrés et mangés. Cinq ans d’exil à Taïti furent la punition de Bouarate ; mais, en même temps, trois exécutions de côtiers anglais, convaincus d’avoir vendu des armes aux natu rels, apprirent aux colons que l’autorité fran çaise saurait faire respecter ses ordres. Depuis son retour en Calédonie, Bouarate devint le fidèle allié de la France. C’est le chef le plus réellement chef et le plus généreux que je connaisse; sa tribu, la plus riche et peut-être la plus guerrière de toutes celles de la Calé donie, obéit religieusement à ses ordres, et a cessé'toute relation, du moins apparente, avec nos ennemis,