214 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. Quelque temps ils vécurent de débris d’i gnames et de racines, de coquilles jetées par les flots sur la grève, ou de rares poissons pê chés avec leur unique hameçon d’écaille. La faim se faisait de plus en plus sentir; la peur les empêchait d’aller chercher des racines dans la montagne, et il ne restait plus autour de la misérable hutte qu’ils s’étaient faite qu’un champ de cannes sauvages : c’était assez pour boire, mais non pour manger. Poussés par la misère, ils résolurent de faire une pêche au grand récif; ils en rappor teraient, espéraient-ils, des coquilles et des poissons, qui, fumés, leur assureraient leur subsistance pour longtemps. Ils allèrent donc supplier leurs voisins de leur prêter une pi rogue; ils croyaient que ceux-ci, émus de leur pauvreté , voudraient bien se souvenir du temps où Poindi et Nemanou, riches et puis sants, étaient généreux. Partout ils furent re poussés d’une manière presque injurieuse. Vainement ils allèrent de Tillet à Baye, de Tipourama à Ina, de Poindimié à Tillet, le soir ils rentrèrent exténués et voulurent demander conseil au sommeil : la faim chassa le sommeil. Rendus presque fous parla souffrance, ils