212 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. qu’il ait été instruit par l’expérience des tristes suites qu’entraînent les unions incestueuses, soit toute autre raison inconnue des blancs, le naturel de la Calédonie s’imputerait à crime de demeurer dans la même case que sa sœur, de lui parler et même de la regarder. Aussi évite- t-il tant qu’il peut de se rencontrer avec elle. Il ne souffre même pas qu’on lui en parle. On comprend par là de quelle humeur il reçoit l’injure que nous venons de rapporter. C’est peut-être le cas de dire que la langue canaque renferme une richesse de mots injurieux dont n’approcherait pas le vocabulaire des an ciennes dames de la halle de Paris. Les naturels de la Nouvelle-Calédonie ont des chansons, mais rarement elles ont une vogue plus longue que les cris et les non-sens dont nous venons de parler. Un jour, on ne sait pourquoi, ils se lassent de les chanter et les oublient. Cela tient peut-être un peu à ce qu’ils n’ont pas l’écriture pour les fixer. Le vrai Canaque ne sait ni lire, ni écrire. Quelques légendes seules échappent à l’ou bli, et sont conservées par la tradition. Elles sont loin d’avoir le mérite poétique qu’on trouve dans les vieilles légendes arabes ; mais