488 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. L’amour-propre de l’homme sauvage vint ici jouer son rôle ; en reconnaissant le peu qu’il était et le peu qu’il pouvait, dans sa misérable petitesse, comment n’eùt-il admis qu’un maître, unique auteur d’une nature si variée, si riche et si puissante ! Un tel être eût été trop grand pour lui. Il préféra donc en imaginer une infinité d’autres, entre lesquels il répartit la puissance créatrice, et à qui il attri bua en même temps les diverses passions humaines, les seules dont il pût avoir une idée. Le premier sauvage eut-il une foi sincère dans les dieux qu’il venait d’imaginer? On peut en douter; mais il ne dut pas moins songer à s’en faire un appui. Il institua en leur honneur un culte, qu’il eut soin d’enseigner à sa famille, et dont il se constitua lui-même le grand- prêtre. Voilà une religion créée; bientôt elle s’enrichira de tout ce que la fantaisie du fon dateur saura y ajouter de pratiques et de lé gendes plus ou moins intéressantes. Ses enfants, charmés de ces récits merveilleux, n’auront plus grand effort d’imagination à faire pour voir ces génies et ces puissances dont on leur parlait continuellement. Tantôt ils placèrent dans l’ouragan le génie des fem-