150 LANOUVELLE-CALÉDONIE, Les naturels, pour rectifier la course de cette sorte de javeline, accroître sa rapidité et sa portée, se servent de ce que je nommerai le doigtier (ncibo), compagnon inséparable de tout Canaque. Ce doigtier est une corde de la gros seur d’une forte plume d’oie, longue d’une douzaine de centimètres, munie, à l’une de ses extrémités, d’un anneau, dans lequel s’en gage la première articulation de l’index, et à l’autre bout, d’une boule à peu près grosse comme une balle de seize, et recouverte de poil de roussette. Le nabo se fabrique avec la fibre du bourao, ou mieux avec les diverses plantes textiles, connues dans la science sous les noms de urtica nivea de Forster, pachyri- zus textilis, puritium padiu. Pour lancer la sagaie, le naturel, à demi- fendu, le côté gauche en avant, saisit son arme un peu plus près de la pointe que de l’autre bout, puis la serre par le doigtier, en l’enroulant fortement autour du bois, et la lance absolument comme dans les manèges on lance la javeline. Malgré l’habileté rare que l’habitude a donnée à quelques-uns des noirs, ce n’est guère qu’à 25 ou 30 mètres que le plus adroit fait un bon tir, bien que l’arme,