sujets. Depuis notre arrivée dans l’île, les noirs les ont baptisés caporaux ou sergents; c’est qu’en effet, la plupart de ces petits chefs ont acheté les vieilles vestes de quelques-uns de nos sous-officiers, et s’honorent de les porter, sans être autrement couverts: le pantalon viendra plus tard. Si ces petits chefs s’affublent ainsi, c’est sans doute pour ressembler un peu aux cinq grands chefs à qui le gouverneur avait donné, comme gage d’amitié en 1864, des mé dailles d’or et des habits de gendarmes brodés en argent. On aurait tort de prendre ces détails pour des puérilités. Les Canaques sont un peuple enfant, chez qui de pareilles choses ont de l’importance. J’ai vu parmi eux, à Baye par exemple, surgir, même entre deux frères, chefs l’un et l’autre, une lutte sanglante, parce que l’un deux avait arboré sur ses cases un tillit auquel il n’avait pas droit. Cinq à six lieues de terrains dévastés, trois villages brûlés et une douzaine de têtes coupées, voilà quelle fut la conséquence d’une violation d’étiquette. Mais ne nous arrêtons pas davantage à voir cette paille dans l’œil du Canaque. Le chef calédonien a le haut domaine sur 8