102 LA NOUVELLE-CALEDONIE. voir qu’après avoir fait les frais des premiers travaux de plantation, les naturels trouveront sans peine, dans leurs champs délaissés, une nourriture abondante pendant plusieurs an nées. En effet, les terres, n’étant jamais fumées, ont besoin de rester en repos après chaque récolte, et ils les y laissent de trois à cinq ans. Le cocotier est tout bonnement planté au tour des cases, dans le voisinage de l’eau. Il vient seul et sans soin. Les chefs ayant re connu quelle grande ressource il apporte à la population dans les temps de disette, défen dent d’en cueillir le fruit lorsqu’on a suffisam ment d’autres vivres. Il ne faut pas oublier que cet arbre, mettant longtemps à pousser, une génération récolte d’ordinaire les fruits de ceux que ses pères ont plantés. C’est pour le Canaque une douleur d’en abattre, et nous verrons, quand nous en serons à parler des funérailles, que c’est là une manière de mar quer leurs regrets de la mort d’un chef. C’est en effet un coûteux sacrifice que s’impose la tribu dans les grandes douleurs, puisqu’elle perd, en même temps qu’un ombrage pour ses cases, des feuilles pour alimenter son feu, la bourre des noix pour tisser ses filets, la frai-