88 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. fardeaux que sous lesyeux des étrangers,pour sauver sa dignité personnelle. J’ai souvent passé des jours et même des semaines entières dans des vijlages de l’intérieur, et j’ai pris grand plaisir à voir la gaieté et les jeux folâ tres des femmes que ma présence ne gênait plus. Aussi peut-on dire, en général, qu’elles aiment leurs maris; plusieurs même se tuent à leur mort. On prétendra peut-être que c’est par orgueil ou pour obéir à une ancienne cou tume qui n’a pas cessé d’être encouragée par le préjugé local ; moi, je croirais plus volon tiers que c’est par désespoir. I Au mois de mai 1866, Matamoé, fils de Wat- | ton, étant mort, deux de ses femmes s’étran glèrent. Une instruction du procureur impé rial établit jusqu’à l’évidence que ces deux femmes avaient, à l’insu de tous, payé ce tri but à leur douleur. On voit même des mères se tuer pour ne pas survivre à leurs fils. En 1867, à Houagape, à la mort d’un chef de Kokingone, sa mère resta sept jours sans man ger, malgré toutes les prières de ses proches et de ses amies; ne voyant pas, malgré un si long jeûne, arriver la mort, elle se poignarda avec un pieu durci au feu.