CHAPITRE XIV Nouvelles de France. —M. Nebout revient en France. — Arrivée de M.Chaussé. — Départ pour la Kémo. — Entrevue avec le chef des Tokbos. — Établisse ment du poste. Dès que l’arrivée de mes pirogues est annoncée au poste par le chant des pagayeurs banziris, les Européens qui s’y trouvent sont venus au devant de nous, sur le rocher qui forme le seuil, barrant la rivière, que nous avions laissé presque complètement submergé par l’eau écumante, etqui, maintenant, se dégage, rattaché à la rive par tout un banc de gros blocs rougis par le dépôt des eaux. D’un mot je les rassure. Nous sommes tous vivants; mais ils sont stupéfaits de voir notre état de maigreur. M. de Poumeyrac est là; il a du revenir à Bangui, le chavirage qu’il avait subi l’ayant dénué de toute ressource. Il m’assure que la nouvelle de notre succès qui se répandra rapidement dans toute la région du Haut Oubangui,y aura un retentissement considérable et y produira un effet bien salutaire, car toutes les populations pai sibles du bord de la rivière vivent dans la crainte continuelle de l’envahissement des hordes pillardes des musulmans. Il ne doit pas se tromper, en effet, car déjà, les jours précédents, partout où nous rencontrions des pirogues ou un campement de pêcheurs, mes pa gayeurs se hâtaient de raconter les événements. Souvent, se faisant un porte-voix de leurs mains, ils criaient à pleins poumons la nou-