CHAPITRE VI Le départ est décidé. — Envoi de dépêches en France. — Désertion du reste de mes porteurs. — Recherche d’une voie de pénétration vers le Nord. — Tra vaux préliminaires. — Mon départ. — Les canonnières de la colonie. Tel était le récit que m’avait fait M. Nebout. Mais si sa convic tion à l’égard du massacre de la mission était absolue, je ne pou vais pour mon compte croire d’uné façon aussi définitive à la réalité de tous ces événements. En effet, le récit avait été rapporté sim plement par Thomas, le Bassa, qui le tenait du boy loango Bouiti. Or, ce dernier avait déjà déserté une fois, comme me l’avait ditM. Ne- bout. Qui donc pouvait me certifier l’exactitude de leur dire et me garantir qu’il n’était simplement imaginé par ces noirs pour masquer leur désertion? Peut-être s’étaient-ils enfuis du camp de Crampel et venaient-ils faire des récits fantaisistes et mensongers pour trouver grâce auprès du chef de l’arrière-garde, au camp duquel ils avaient été obligés de venir se réfugier, n’ayant plus de moyens d’existence. Et puis, quand bien même tout cela fût vrai, pouvais-je vraiment me désintéresser de la cause de mon prédécesseur, sans faire d’enquête sur les circonstances qui avaient amené sa mort, sans essayer de retrouver de précieux documents et en laissant planer un éternel doute sur les causes et les résultats de cette effroyable tragédie? Puis, qui sait? peut-être un Européen restait-il encore vivant, peut-être tout au moins quelques braves tirailleurs atten daient-ils de nous leur délivrance, et je me désintéresserais de