Volltext Seite (XML)
3io — entrés dans leur rôle, inconscients de l’objectif, ne pensant plus qu’à une chose unique : agir avec l’énergie et la conviction de vrais sauvages pour tirer leur pirogue hors de l’eau. » Je fis subir à la grève plate du premier plan une transformation complète en faisant transporter des parties de roche, des lianes, des ossements... » Puis, quand tout fut prêt, je fis et refis ma photographie jusqu’à réussite complète. » Nous en appelons à nos lecteurs : ce fragment de lettre que nous écrivait, en 1892, M. Boissonnas, de Genève, en nous envoyant une épreuve de sa photographie bien connue : Scènes de Troglodytes de l’âge de pierre, n’est-il pas un plaidoyer magnifique à présenter à ceux qui dénient aux photographes le droit d’exiger une rémunération pour la reproduction de leurs photographies? Que d’argent, que de temps, que de soucis pour une telle œuvre ! ! ! Nous disions donc que, dès l’origine de la photographie, on s’est préoccupé dans differents pays de la composition du sujet et que les recherches pour faire « œuvre artistique » furent tentées. Les études coûteuses, comme celles coutumières à M. Boissonnas, furent rares et nous croyons que, jusqu’en 1892, on s’était borné à des études de compositions artistiques destinées à être photographiées dans les ateliers et peu au dehors. Les quelques scènes de genre de M. Robinson, les charmantes Scènes enfantines de M. Block fils, publiées par son père, ont, dans leurs cadres, des études moins larges que chez M. Boissonnas. En 1894, à la première Exposition du Photo-Club de Paris, on a vu réunir, pour la première fois, une grande série d’épreuves, envoyées de différents pays, montrant par leur facture une tendance à sortir des traditions de précision, d’exactitude, de netteté enfin qui étaient les attributs qui appartenaient, parmi les moyens graphiques, exclusi vement à la photographie à laquelle l’interprétation semblait interdite et l’était de fait par les photographes orthodoxes. Le caractère général de cette Exposition était un peu vague ; on sentait une tendance à s’échapper des règles suivies pieusement jus qu’alors ; mais ces essais un peu juvéniles, il faut l’avouer, n’étaient pas très bien déterminées. L’un, semblant oublier l’utilité de la mise au point, montrait une épreuve dans laquelle un certain vague nécessitait la distance pour avoir le « sentiment » de ce que son appareil optique avait laissé passer. Un autre (et même plusieurs autres), oubliant de limiter l’ex pression de son idée, présentait un reflet tellement incertain de ce qui était placé devant son appareil que, vu de près ou de loin, on n’était