Volltext Seite (XML)
— 308 — sa route des coins, des fragments de tableaux sans valeur par eux- mêmes, qui, par la simplicité des lignes, par la bonne distribution des ombres et des lumières, se prêteront à servir de milieu à des scènes rustiques. On tâchera par la pensée d’imaginer ces scènes, et il ne restera plus qu’à se procurer les modèles nécessaires, hommes ou ani maux, sans oublier le rôle important que doit jouer ici la couleur des robes et costumes. » Nous voudrions avoir la place nécessaire pour reproduire les pages excellentes écrites, sous forme de profession de foi ou de conseils, par ces deux artistes qui, dans tout ce qu’ils ont exposé, ont su, quel que fût le sujet, rester dans la forme gracieuse et sévère à la fois. Le choix de leurs modèles et des « habillages légers » dont ils sont vêtus fait accepter ces compositions qui ne sont, le plus souvent, enveloppées que du faire et du sentiment de l’artiste. Il est difficile de rendre le nu chaste en photographie. MM. Dema- chy et Puyo en possèdent le secret qu’ils devraient confier à certains amateurs qui cherchent, comme eux, à « idéaliser » la photographie. Dans une étude documentée, parue en décembre dernier dans la Revue des Deux Mondes, M. de la Sizeranne examine et pose la ques tion : La photographie est-elle un art ? Nous avons lu et relu avec un nouveau plaisir ce consciencieux et éloquent travail, dans lequel les qualités de la nouvelle École sont développées avec élégance de style et en chaleureuses pensées. L’auteur est, comme nous, un admirateur de ce qui a déjà paru ; mais il semble croire que, depuis quelques années seulement, on se préoccupe de la production de photographies artistiques (si nous pénétrons bien la pensée de l’auteur) : il est alors incomplètement documenté. Dès l’origine de la photographie on s’est préoccupé de réduire, autant que possible, « l’automaticité » de la pratique photographique. Nous ne citerons pas les études faites sur ce sujet par des photographes pro fessionnels, ce qui tiendrait trop de place ; cependant nous indiquerons ce que Blanquart-Evrard écrivait en 1861 : « Que l’on se figure la transformation qu’éprouverait la photogra phie, s’il était donné à l’opérateur de ne considérer l’image tracée par la lumière dans la chambre noire que comme une belle et fidèle ébauche attendant l’inspiration artistique pour se compléter. Il en serait comme de ces rares estampes qui, tout en reproduisant fidèle ment l’œuvre du maître, portent l’empreinte du sentiment individuel du graveur et donnent une imitation supérieure à l’original. Le pro blème à résoudre serait donc de borner le travail — merveilleux, mais inintelligent — de la chambre noire à la formation complète, mais peu intense de l’image, en donnant au photographe les moyens de la