Précautions contre l’escroquerie. Sauvegarde par la pho tographie. — La semaine dernière a été bonne pour MM. les voleurs. La caisse d’épargne postale a été refaite d’une somme de 12.000 florins, soit 25.250 francs. Le truc employé décèle chez son auteur une forte dose d’audace et d’habileté. Pour expliquer ce qui suit, il est d’abord utile de faire connaître le mécanisme adopté pour le paiement des mandats. Les clients de la Caisse d’Épargne postale reçoivent des mandats à souche qu’ils remplissent avant de les pré senter au guichet. En échange de ce mandat, l’employé remet au porteur un bulletin de liquidation d’une couleur déterminée, laquelle change tous les jours. Ce bulletin numéroté demeure entre les mains du porteur jusqu’au moment où l’on fait l’appel de son numéro. Dans l’intervalle, les caissiers ont procédé à la vérification des comptes, puis le mandat reconnu bon à payer est transmis à l’un des caissiers, direc tement, sans passer par les mains du porteur qui, lui, n’a entre les mains que le bulletin de liquidation. Sur ce dernier papier, le numéro est imprimé en chiffres très visibles. Or, on suppose que, au moment où le porteur légitime, muni de son bulletin, a quitté la salle, en attendant son tour, pour vaquer à quelque course dans le voisinage, un intrus, très au courant des manipulations du bureau, aurait regardé par-dessus l’épaule du commis et aurait ainsi lu le numéro du bulletin. La police croit que cet intrus devait avoir préparé à l’avance une série entière de faux bulletins admirablement imités, sur lesquels figuraient les chiffres appelés ce jour-là. Il ne lui restait donc plus qu’à s’assurer — 422 — plus de rides, plus de muscles accusés, et j’obtins cet effet au moyen de réflecteurs placés sur le sol et sur les côtés. Le résultat de ces combinaisons fut l’étude que j’intitulai Sorrow, faute d’un équivalent allemand qui pût bien rendre le sens anglais du mot. » Dans le texte imprimé que publie l’organe du Camera-Club de Vienne, nous trouvons, pour accompagner l’étude de M. Bergheim, l’intéressante citation empruntée aux Girondins de Lamartine : « La nature a mis le calme dans l’excès de l’infortune, comme une couche molle au fond de l’abîme pour adoucir la sensation de la chute aux infortunés. » Les idées de M. Bergheim et ses théories un peu absolues sur la classification des photographies ont été l’objet de quelques critiques intéressantes dans les journaux qui s’occupent de notre art. Mais je crois que nos lecteurs sont maintenant renseignés et qu’il n’y a pas lieu de s’étendre plus longuement sur la mission de nos collègues, telle qu’elle est définie par l’ingénieux conférencier du Camera-Club de Vienne.