— 383 — sujet en photographie et nous ne pouvons admettre que le champ en soit interdit à la chambre noire. La perspective et les objectifs à court foyer. — M. le capitaine Abney, en traitant ce sujet, fait remarquer que lorsqu’on regarde un paysage, un seul des deux yeux seulement est réellement actif. En dehors de la perspective atmosphérique, ce n’est que par la distance angulaire des objets que l’on peut juger de la vérité d’une photographie. Tout le monde a remarqué combien certains paysages sont rendus méconnaissables par suite de l’emploi d’un objectif grand angle, qui exagère la perspective des objets placés au premier plan. M. le capitaine Abney prend, comme exemple, une plaque de 30 cen timètres de longueur employée avec un objectif de 15 centimètres de foyer. Une image de cette dimension pourrait être regardée à une distance de 30 centimètres environ. A l’aide d’une figure il montre que la séparation angulaire (15°) de sept objets équidistants et très éloi gnés serait représentée d’une façon exacte sur l’image en regardant celle-ci à une distance de 15 centimètres seulement. Quand on les regarde de plus loin, comme c’est naturel pour une épreuve de la dimension indiquée plus haut, la distance angulaire relative des objets est faussée, la distance des objets placés aux bords de l’épreuve paraissant être le double de celle des objets placés au centre de l’image. Si l’on agrandissait cette image à deux diamètres, cela reviendrait à photographier le même sujet avec un objectif de 30 centimètres de foyer et la perspective serait correcte en regardant l’épreuve à cette même distance. En fait, l’épreuve paraîtrait trop grande pour être vue à cette distance et, en se reculant davantage, la perspective est de nouveau faussée. Inversement, des vues de très petit angle prises avec des objectifs à long foyer sont fausses en appa rence, mais ces erreurs peuvent être corrigées en regardant l’épreuve d’aussi loin qu’il est nécessaire pour obtenir la correction voulue. M. le capitaine Abney est partisan de l’agrandissement des petites épreuves quart de plaque (obtenues avec un objectif de 15 centimètres de foyer), pour rester dans la vérité. En ces matières de perspective, les artistes sont habitués à s’en remettre à l’expérience et à leurs sen sations pour déterminer si leur œuvre est juste d’apparence ; mais il est évident que la connaissance des lois naturelles de la vision et la compréhension de l’aspect vrai des choses jointes à l’habitude de se conformer journellement à des lois spéciales qui leur sont familières, leur permettraient de donner une plus grande valeur encore à leurs œuvres.