200 avec une telle intensité et dans un rapport si heureux des demi-teintes de l'ensemble, qu’il donne vraiment aux yeux l’illusion d’un morceau d’azur. Les poètes, eux aussi, s’arrêteront, charmés, devant les Eaux mortes (n° 230). Nous ne savons de quel froid pays du Nord M. Demachy a rapporté cette saisissante vision de ville endormie, pen chant ses vieilles maisons grises sur des eaux immobiles et mornes. Tout se tait, aucun être n’apparaît aux fenêtres. La vie s’est pour ainsi dire, retirée, éteinte ; et il semble qu’au loin, dans le silence, on entende sourdement pleurer les cloches des béguinages de Bruges-la-Morte. L’étude intitulée Octobre (n° 231) est très curieuse. Elle a été prise au ras du sol, et d’une touffe de frêles graminées, tapissant un humble monticule, la capricieuse perspective a fait comme un bouquet de plantes bizarres et géantes, menaçant d’en vahir le ciel. L’Entrée au port (n° 228), avec sa tona lité un peu noire, est d’un sentiment très juste et très profond : la haute silhouette du bâtiment qui rentre se détache sur le ciel avec une majesté grave, comme si, venant de loin, il avait con science de rapporter avec lui un peu du mystère des contrées inconnues. La ra vissante Étude de tête (n° 227) dont le type rap pelle les femmes de Léo nard, et qui est traitée en effet dans la manière des dessins de l’école lombarde, la Jeune fille lisant (n°225) et la délicate miniature cataloguée Essai de sanguine (n° 226) témoignent assez que M. Demachy est un maître dans la figure comme il l’est dans les genres divers où nous venons de le voir s’essayer. La Femme au glaive (n° 446) de M. Pauli est une grande et assez bonne étude, bien que le glaive — qui en rehausse le titre un peu pompeux — soit mal éclairé et presque invisible. On pourrait presque transformer le titre en « question » et demander : Où est le glaive ? Je préfère Marcelle {n" 466) et la Vieille au chapelet (n° 465). A. DA CUNHA. — Étude.