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rons pas une reproduction physiologiquement exacte, nous n’aurons pas une œuvre d’art. L’âme de l’opérateur doit intervenir pour animer cette froide repro duction, Galathée de marbre, en y mettant toutes les illusions qu’y a vues notre œil et qui fatalement échappent à l’objectif inerte. De là la nécessité et la justification du flou en certains cas, de ces papiers grenus qui, par leurs jeux de lumière, donnent de l’at mosphère et de la légèreté; de là ces artifices de pose et de dévelop pement, ces tirages calculés, tous moyens qui constituent la palette du photographe artiste et lui permettent de faire passer un peu de son âme dans son œuvre, d’y mettre une étincelle du feu divin! Non, la caractéristique de l’Art photographique ne doit pas être cherchée dans les propriétés optiques d’un objectif; la photographie est avant tout, et étymologiquement, l’art de dessiner avec de la lumière, que l’on emploie ou non un objectif. En mettant à profit la rapidité des plaques sensibles, l’Art photo graphique pourra créer des œuvres se distinguant par le naturel et la spontanéité; la facilité des émulsions à enregistrer les moindres dégra dations de clarté, sera utilisée à rendre tous les jeux de la lumière, les grands ciels mouvementés dans le paysage comme le mystère du clair obscur dans les intérieurs. N’est-ce point là la vraie voie et ne sont-ce pas les points dont il faille avant tout se préoccuper? Au point de vue de la technique photographique, l’étude des œuvres exposées à Bruxelles est remplie d’intérêt et confirme, nous semble-t-il, entièrement la thèse que nous avons développée plus haut. Le tirage des épreuves joue incontestablement un rôle au moins aussi important que l’obtention du négatif lui-même, dans la produc tion de l’œuvre artistique, car la volonté de l’opérateur peut mieux s’y imposer, en vue de l’effet cherché, soit par la conduite du tirage, soit par le choix des procédés ou du support, papier, toile ou soie. Les procédés au charbon, au platine, à la gomme, aux papiers bromure, l’héliogravure ont montré une fois de plus toutes leurs ressources dans les mains d’habiles exécutants. Les artistes, peintres et autres, ont été attirés surtout par les œuvres de composition simple, naturelle, condamnant les effets trop cherchés ou tourmentés, relevant la lourdeur de certaines ombres, mais appré ciant fort le rendu exact de la lumière et l’atmosphère que d’aucuns ont su mettre en leurs œuvres. L’assimilation à la manière de maîtres connus était curieuse : les noms de Chaplin, de Whistler, de Mauve, etc., venaient aux lèvres de chacun, à raison de lointaines analogies dans des sujets plus ou moins