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— 256 — d’ailleurs, si cette opinion pourrait se soutenir dans le cas de l’emploi d’un réseau irrégulier et fait à la main, elle ne se soutient pas, si ce réseau est fait d’une trame régulière, car alors la typogravure serait esthétiquement supérieure à la photographie et aussi à la gravure en demi-teinte ; et cela n’est pas. La seconde hypothèse est donc la bonne, et le but réel poursuivi nous apparaîtra nettement si nous observons que les pratiques en question s’appliquent uniquement à des papiers, — papier salé, papier albuminé, papier au platine, au bromure, papier au charbon, — qui sont par excellence les papiers à tirage mécanique et que je classais, dans un récent article (1), au dernier rang au point de vue de la puissance pigmentaire. A cette remarque, la question s’éclaire. M. Mahéo se sert de papier salé, qui est enterré et terne ; il le relève par des hachures. L’aspect grisâtre du papier au platine ennuie M. Frank Eugène; pour avoir quelques rehauts d’un beau noir, il emploie Je canif, moyen héroïque et dangereux. Dans le papier au bromure, les noirs sont empâtés, sans gras ni transparence; à nous la trame ou le grain qui vont mettre un peu de vibration dans ces noirs; imitons le typograveur qui sème de points blancs les zones les plus sombres. Le papier au charbon manque de corps, donnons- lui, en le transférant sur un papier vergé, l’illusion de la force. Les pratiques en question s’expliquent donc de la façon la plus naturelle ; ce sont des moyens de fortune qui ont pour but unique de corriger les défauts inhérents à certains papiers, excès de finesse, monotonie, absence de grain. Cependant le procédé de M. Mahéo va plus loin ; il tend à mettre plus de personnalité dans la facture, il permet de donner des accents et de faire un peu, avec un papier automatique, ce que fait naturellement, au prix de moindres efforts, le gommiste avec un papier à dépouillement, doué de souplesse. M. Mahéo a eu la complaisance de m’envoyer une note sur la façon dont il opère, et cette façon, la voici : Il commence par se faire une trame. A cet effet, une grande feuille de papier blanc est couverte par lui de hachures à la plume; cette feuille, il la photographie en réduisant à un format tel que 18X24, par exemple, et du cliché ainsi obtenu il tire par contact un positif sur verre de la trame, dit « positif simili-gravure ». Alors, un cliché étant choisi, il en fait un positif sur verre et met ce positif dans la lanterne d’agrandissement. Puis dans le châssis- chariot il place, gélatine appliquée contre gélatine, une plaque au gélatino-bromure et le positif de la trame, celui-ci du côté de la lan- (1) Voir les Bulletins des 1" novembre et 1" décembre 1901.