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— 193 — qui forment l’ornementation sous le texte n’avaient pas, en un coin du billet, la minutieuse précision voulue et qu’il a préféré recom mencer tout le travail, — c’est-à-dire un labeur de quinze longues nuits, — afin d’être sûr de son affaire. Le président des assises com mente ces explications et fait comprendre aux jurés qu’il est relative ment facile d’éviter des irrégularités ou des défauts dans les agrandis sements d’une certaine ampleur et que, en admettant que quelques incorrections s’y soient glissées, elles seraient, pour ainsi dire, à peu près invisibles dans la réduction. M. Besemer, qui passe pour être non seulement un spécialiste versé dans toutes les branches de la re production photo-mécanique, mais aussi un lithographe d’une grande habileté, a cherché à atténuer la gravité du cas en affirmant qu’il n’avait exécuté ces contrefaçons que pour obtenir un emploi à la Banque Nationale, disant que, s’il avait montré un de ses billets aux directeurs, on se serait certainement empressé de le caser convenable ment plutôt que de le laisser poursuivre sa dangereuse besogne. Le procès Besemer a révélé ce détail assez curieux que des paysans esclavons ont apporté leurs fonds pour acheter des billets contrefaits à prix réduit. L’entreprise aurait pu prospérer si les contrefacteurs, qui avaient quitté la province pour s’installer aux environs de Vienne, n’avaient pas, par leurs allures mystérieuses, éveillé les soupçons de la police. Au point de vue photographique, la méthode de M. Besemer a certainement un grand intérêt pour MM. les contrefacteurs, mais le directeur de l’Imprimerie de la Banque, M. Nadherny, n’a pas cru devoir entrer, devant le jury, dans de longues explications. C’eût été dangereux, car l’expérience enseigne que chaque fois qu’une imper fection quelconque est signalée, les intéressés en prennent note et ne manquent pas de profiter de l’avis pour la suite de leurs travaux. Cependant, à propos des procédés employés par l’entreprise Beserner et Cie, l’expert a déclaré que le contrefacteur avait dû se préparer pendant des années pour sa dangereuse besogne. Des milliers d'an- neaux tracés au compas supposent l’emploi d’un réseau très régulier, afin que les pointes de l’instrument puissent, sans jamais faillir, partir du point d’intersection des lignes. M. Nadherny explique que Besemer a fait le calque d’un billet authentique et projeté l’image sur un panneau. De ce panneau également calqué, il a tiré une épreuve dont il a suivi au tireligne les traits d’abord faits au crayon. C’est ce repassage à l’encre de Chine qui lui a permis de surveiller la correc tion du tracé. Le fond étant ainsi achevé, il n’avait plus qu'à s’occuper des allégories. M. Nadherny conclut par ces mots qui ont certaine ment sonné agréablement à l’oreille de l’inculpé : « La contrefaçon dont il s’agit est incontestablement la plus frappante que nous ayons jamais