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— 198 — mis à la besogne et ont rendu compte de tout ce qui touche à la photographie. On n’attendra pas de nos confrères de la presse alle mande un dithyrambe à jet continu. Loin de se montrer enthousiastes, la plupart d’entre eux jugent l’Exposition avec une certaine sévérité et peut-être même avec une aigreur souvent regrettable. Parmi les comptes rendus qui ont paru jusqu’à ce jour, j’ai lu jusqu’au bout celui de la Galette générale des Photographes, publiée à Munich, et qui a pour rédacteur en chef ce même M. Emmerich qui vient d’être nommé directeur de la nouvelle École créée par l’Union des Photographes de l’Allemagne du Sud. M. Emmerich débute, dans sa première lettre, par quelques considérations philosophiques sur la nation française et par des réflexions ironiques sur le caractère politique de nos compatriotes. Voici son entrée en matière ; je traduis mot à mot : « Liberté, égalité, fraternité. C’est la devise qu’on lit partout sur le fronton de l’orgueilleux Louvre, au Parlement, à l’Hôtel de Ville, et même au portail des saintes églises. Or, il suffit d’entr’ouvrir les yeux pour voir que la France continue d’ignorer le bonheur universel, que, dans cette République, les lois de liberté, de fraternité et d’égalité, ont mené le pays à un résultat tel que, dans d’autres États, assez arriérés pour tolérer un régime monarchique, les gens sont beaucoup plus libres, plus égaux et plus fraternels qu’en France. » Le rédacteur s’arrête ensuite aux « vertus républicaines », à propos desquelles il hausse fortement les épaules, tout comme il exprime des doutes sur la sincérité des qualités attribuées aux Français et, pour justifier ses appréciations, il affirme qu’à Paris tout le monde « fait semblant ». « Voyez, dit-il, comment les choses se passent là-bas. Tout ce que fait le Français, il l’accomplit avec une naïve sérénité. C’est ce qui le distingue essentiellement de l’Anglais, de l’Américain et de l’Allemand, et lui enlève toute apparence d’égoïsme direct. De même que la Fran çaise, grâce à quelques chiffons, sait garder un extérieur toujours flam bant, de même le Français, avec quelques phrases, se donne l’appa rence d’une amabilité qui, le plus souvent, n’est ni dans son cœur, ni dans ses idées... » Rendant compte de sa première visite à l’Exposition, notre sévère critique constate que Paris est, en somme, la ville la mieux appropriée pour organiser une foire universelle, « car le Parisien sait pratiquer avec infiniment d’habileté ses nombreux talents, et il y met tant d’adresse que tout visiteur peut, comme s’il se trouvait chez une cocotte, être sûr d’être le préféré parmi les favorisés ». L’aimable écrivain relate ensuite les efforts qu’il a dû faire pour découvrir les « cachettes » affectées à la photographie. Enfin il réussit