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38 LES ABIMES. Trois de ces sondages ont donné les résultats suivants : Aven de : le Toumple ... 95 métrés. « 95 » « Jean-Nouveau 180 » M. Bouvier a indiqué 40 avens sur la carte ci-contre dressée par ses soins. On voit donc que « le nombre des avens qui apparaissent à la surface du sol est considérable, mais il en existe encore beaucoup qui sont invisibles, soit qu’ils se trouvent fermés naturellement sous l’action des apports charriés par les eaux de pluies, soit qu’ils aient été bouchés par les habitants, soit, et il doit y en avoir beaucoup dans ce cas, que leurs orifices aient été obstrués, quelquefois sur de grandes hau teurs, par l'espèce de lave sidérolithique qui s’est extravasée par leur canal. « Il arrive parfois que ces avens, sous l’action lente et répétée des infiltrations plu viales et par l’entrainement, dans les cavités inférieures, de la terre de recouvrement, viennent à se déboucher et. à apparaître a la surface. L'un de ces éboulements, survenu aux environs de Saint-Christol, dit Scipion Gras, et provoqué par une pluie violente, a donné lieu, vers la fin du siècle dernier, à un fait très remarquable qui paraît authenti que. Peu de temps après la chute de la terre, la fontaine de Vaucluse a pris une teinte ocreuse et elle est restée ainsi colorée pendant plusieurs jours. « Ce fait est une preuve de la relation qui existe entre les avens répandus à la sur face du bassin alimentaire de la fontaine de Vaucluse et les immenses galeries ou cavités qui servent de réceptacle à ses eaux 1. » Et M. Bouvier recommandait « une exploration plus attentive des avens », comme l’un des moyens propres à fairè avancer la question de Vaucluse. M. Lenthéric a été plus affirmatif encore : il considère la coloration en question comme une preuve « indéniable de la communication de tous les avens avec les cavités du sous-sol et de celles-ci avec la fontaine elle-même... » (Ze Rhône^ t. Il, p. 207) et il ajoute : « L’aven est d’ailleurs la route naturelle qui doit pouvoir conduire à ces cavités; c’est la grande cheminée verticale d’où sont sorties les eaux ascensionnelles chargées de terres sidérolithiques, dont l’énorme volume répandu tout autour sur les plateaux peut donner une idée de l’importance des vides qu’elles avaient remplis. C’est donc par là qu’on pourrait descendre aujourd’hui dans les abîmes. » (Id., p. 219.) M. de Selle croyait aussi à la communication directe 1 2 : « L’on conçoit aisément que, si la nappe liquide élargit sans cesse les passages sinueux où elle circule, il arrive nécessairement un moment où les profils des voûtes souterraines jetées sur ces canaux, deviennent à ce point hardis, que ces arcs naturels ne peuvent plus porter le relief supérieur. Il se produit alors des éboulements qui se propagent jusqu’à la surface. » « Dans le voisinage du bord de ces puits, le sol prendra la figure d’un cône renversé, et les eaux de pluie qui tomberont dans cette enceinte seront dirigées vers la base de l’entonnoir. En général elles entraîneront en profondeur les matériaux détritiques qui 1. «Les eaux pluviales s’engouffrent de tous côtés dans les avens, et vont remplir de vastes réservoirs situés à des profondeurs inconnues. » Sc. Gras, Description géologique de Vaucluse, Paris, Savy, in-8°, 1862, p. 9. 2. La montagne de Lure, ses avens, la fontaine de Vaucluse, Athénée de Forçaiquier, conférence du 9 no vembre 1890.