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28 LES ABIMES. vrir un puits descendant à une autre galerie: ils y jetèrent des pierres. « Arrêtez, criai- je, car si mon plan ne me trompe pas, votre trou tombe sur la galerie d’où nous ve nons et par où les autres nous suivent ! » Au même moment des voix montèrent par l’orifice : « Eh ! là haut, ne nous jetez pas de pierres sur la tête, s’il vous plaît. » — Gela démontrait la justesse du levé et du raccordement : le puits mesurait une quinzaine de mètres de profondeur et, en passant dans la galerie inférieure, nous n’en avions pas tout d’abord aperçu l’orifice dans 4e plafond de cette galerie. Je ne saurais multiplier les exemples de ce genre, qui seront notés à leur place ci- après. 11 est certain que ces manières primitives d’opérer ne peuvent fournir des plans cotés^ et qu’aucun des levés souterrains que j’ai ainsi effectués ne saurait être sûrement utilisé soit pour des travaux d’ingénieurs, soit pour la délimitation des droits de proprié taires de la surface sur les nouvelles grottes découvertes. Mais ils suffisent au moins pour faire comprendre leur disposition et apprécier leur rôle géologique. C’est aux règles de la topographie régulière et du nivellement précis qu’il faudra recourir, comme dans les mines, quand on voudra déterminer exactement les rapports topométriques entre les accidents du sol et ceux des cavités souterraines. Je ne saurais passer sous silence que MM. Joseph et Henri Vallot, auteurs aussi de fort curieuses explorations dans les cavernes du Larzac et de l’Hérault, ont inventé d’ingénieux et simples appareils avec viseurs, miroirs et alidades, qui facilitent et pré cisent grandement le levé des plans dans les grottes. Leur description nous entraînerait trop loin. Mais le principe du levé à la boussole reste le même, et il faut reconnaître que ces appareils ne peuvent guère servir que dans les cavernes d’accès et de parcours relativement commodes, car dans les grottes à obstacles ils risquent d’être salis ou mis hors d’usage par la pluie des voûtes ou la boue inévitable collée aux mains et vêtements pendant les escalades ou glissades. Dans les rivières souterraines, notamment, on est tellement mouillé et couvert d’argile gluante, que le seul moyen de tenir propre le verre de la boussole est de le lécher avec la langue ' l’emploi de la planchette que nécessitent ces instruments, cependant aussi simplifiés que possible, est moins pratique que le carnet, car elle est plus grande et beau de suintement peut en décoller le papier ; bref, le carnet décliné, qui peut s’enfouir dans une poche, paraît seul applicable aux cavernes très difficiles à parcourir, où il y a des échelles de cordes à descendre, des nappes d’eau à traversera la nage ou à gué, de longs passages à franchir en rampant, des parois à escalader ou à descendre à quatre pattes, etc. Il ne faut pas non plus accorder une grande confiance aux visées faites par œilletons et pinnules dans les grottes, où l’éclairage est chose si difficile à organiser et où le point lumineux servant de but est si souvent précaire, sinon impossible à saisir. En un mot, la simplification la plus grande est absolument nécessaire pour opérer, dans les premières explorations de grottes inconnues, des levés topographiques qui, à raison des difficultés du terrain, ne peuvent jamais être que très sommaires. C’est à la suite des découvreurs seulement, et après certains aménagements, que pourront opérer les topographes de profession Le matériel photographique 2 est un peu plus compliqué que les précédents. 11 ne s’agit plus en effet de faire une photographie sommaire, comme la topographie. Il s’agit de prendre un certain nombre de vues des points les plus importants, et cela aussi par- 1. V. Goulier, Les levers topométriques, in-8°, Paris, Gauthier-Villars, 1892. 2. Tout ce qui concerne la photographie a été rédigé par M. Gaupillat.