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LUS ABIMES. 20 dant une heure et demie, et que, pour les travaux de longue haleine, tels que topo graphie régulière, fouilles, pêches en eau souterraine, etc., une autre pile (système Renard) à l’acide chloro-chromique combinée par AI. Marcel Gaupillat, le frère de notre collaborateur, est d’une application pratique et dure de quatre à cinq heures 1 . Mais pour nos rapides explorations de pure reconnaissance, la manipulation et le transport des acides se sont trouvés beaucoup trop compliqués. Les grottologues de 1 avenir ne manqueront pas de trouver les perfectionnements désirables. Des lampes de mineurs aussi nous avons essayé, sans les adopter : elles sentent mauvais, fument et salissent; quand une goutte d’eau de suintement tombe sur la mèche et l’éteint, on ne peut la rallumer; elles sont lourdes et imposent aussi l’adjonction d’un bidon d’huile, soit un colis de plus à descendre : or plus il y a de paquets, plus le sé jour se prolonge et plus les manœuvres se compliquent. Une bougie tombée à l’eau s’essuie simplement; en pareil cas, la lampe de mineur, avec une huile toute baptisée, est hors de service. La bougie enfin peut se tenir plus commodément à la main, entre les dents, ou fixée au chapeau, quand il s’agit de descendre à l’échelle ou de parer les chocs contre les murailles dans un puits étroit. Il suffit de prendre garde d’enflammer les cordes qui vous retiennent; il est vrai qu’au contact des roches humides elles deviennent rebelles à la combustion. On voit que magnésium et stéarine sont bien préférables à tout le reste. Une des grosses difficultés consiste à se maintenir en communication avec l’extérieur. Dans les longs puits généralement élargis à la base, la voix se perd toute par réso nance et cesse d’être distincte dès 3o ou 40 mètres de profondeur, pour peu que le puits soit étroit. Nos premiers essais de 1888 nous avaient démontré son impuissance, et nous n’eussions pu obtenir les résultats atteints depuis, sans le concours du remarquable téléphone magnétique de Branville (système Aubry) en usage dans l’armée. Chaque poste, à la fois récepteur et transmetteur, pèse 400 grammes et mesure 8 centimètres de diamètre et 3 d’épaisseur; dans la poche il ne tient pas de place, et le léger câble téléphonique que l’on emmène dans la descente assure la communication avec l’exté rieur. Nous avions 500 mètres de ce câble souple, à double fil de cuivre et à multiples enveloppes de gutta-percha absolument imperméables. Ainsi, la parole électrique se transmet claire et sonore des entrailles du sol à la surface, reliant les explorateurs aux camarades non privés du soleil, à travers gouffres et cavernes, sous torrents et lacs souterrains. Grande sécurité certes, puissant appui moral, qui double l’audace par la confiance dans la possibilité du secours. C’est, croyons-nous, la première application de ce genre que l’on ait faite du merveilleux instrument. Il n’est point de grands abîmes où l’on puisse descendre sûrement sans lui. A petites distances, les cornes de chasse et sifflets suffisent pour s’entendre : on combinera à volonté les appels de manœuvres et de ralliement. Mais on n’oubliera pas que, même dans une caverne horizontale, un éloignement d’une quarantaine de mètres et moins empêche toute communication, s’il y a des sinuosités brusques. Nous ne nous attarderons pas à détailler les différents types de bateaux imper- 1. En voici la constitution : sept éléments composés chacun d’un bâton de zinc et d’un mince cylindre d’ar gent plongent dans autant de tubes en verre, que l’on remplit (à raison de 0ut.4 par tube) du liquide suivant : eau 2 litres ; acide chromique 05.750, acide chlorhydrique O 1 ' 1 .245, acide sulfurique 011t.225. — L’intensité lumineuse est de 12 bougies et la durée de 4 à 5 heures : au bout de ce temps on est forcé de changer et les zincs et le liquide, qui est très corrosif.