LA SPÉLÆOLOGIE. — LES EXPLORATIONS SOUTERRAINES. 13 maîtres de la vie de leur semblable suspendu parfois à 100 mètres dans le vide au bout d’une corde de 14 millimètres de diamètre. Energie, précautions, matériel, bon vouloir des auxiliaires, et bonne chance surtout nous ont permis de mener à bien toutes nos excursions souterraines, de découvrir d’admirables sites que n’éclairera jamais la lumière du jour, et de récolter de précieuses données scientifiques. Après un examen attentif des paliers ou redans si souvent rencontrés, il y a lieu de se demander si le terminas atteint au fond des avens, que nous donnons comme bou chés, n’est pas la plupart du temps un terminus apparent. En effet, nous avons vu et dépassé bien des paliers qui, par le moindre effondrement supplémentaire, eussent été obstrués de toutes parts et auraient donné ainsi l’apparence d’un non plus ultra. Ajoutons qu’à son point extrême, l’expédition est généralement arrêtée par un bouchon d’argile, ou de stalagmite, ou de blocs ana logues à ceux des paliers. D’où la difficulté de recon naître si la couche de ter rain imperméable et l’eau sont encore loin. La coûteuse et délicate désobstruction des abîmes est une œuvre que nous n’avons pas abordée. Elle a réussi à Trébiciano (voy. p. 8) et nous aurons soin d’indiquer ci-après les en droits où elle devrait être CAMPEMENT ET MATÉRIEL AU BORD d'ux AVEN (iCUE DE VIAZAC, LOT). particulièrement tentée. Arrivons à la description Photographie Rupin. du matériel 1 : les cordes doivent être avant tout solides et d’une grosseur moyenne ; bien tressées, un diamètre de 14 millimètres suffit; les cordes dites de charrette ont trop de poids et pas assez de souplesse ; la corde alpestre, dite de manille, est notoirement trop faible : nous en avons usé une en huit jours de temps par le frottement sur la stalagmite rude ; elle revient d’ailleurs plus cher que la vraie corde de gymnastique; et la légèreté qui fait son succès entraîne naturellement sa fragilité. L’oxyde de fer ou rouille dont elle s’imprègne au contact de l’argile humide des cavernes contribue à la détériorer rapidement : elle est absolument impropre aux explorations souterraines. Nous avons entendu vanter l’excellence des cordes tressées en coton, présentant l’avantage d’être intortillables, mais nous n’avons pas eu l’occasion d’en faire l’épreuve. 11 est certainement désagréable au plus haut degré, quand on descend dans un 1. M. Fruwirlh a sommairement traité cette question dans les Mittheil. du Club alpin allemand-autrichien, 15 juin 1886, et les Petermanns Mittheil., août 1884. Il ne parle pas encore de bateaux démontables ni de téléphones, mais donne d’utiles indications sur les observations de température et de botanique et sur la chasse aux animaux cavernicoles.