Volltext Seite (XML)
LA SPÉLÆOLOGIE. — LES EXPLORATIONS SOUTERRAINES. 5 (îrotte paraît dériver du grec zptta, crypte, et caverne vient du latin cavus^ creux. L’Autrichien Schmidl nommait Hœlden (cavernes) les excavations à courants d’eau, et Grotten celles à sec. Toutes ayant été ou étant encore plus ou moins occupées et agrandies par l’eau courante, nous n’adoptons pas cette distinction. Pas plus que celle tirée des dimensions, et considérant les cavernes comme vastes et les grottes comme petites : on dit grotte d'Adelsberg, grotte de Han, etc., alors qu’il s’agit de plusieurs kilomètres de galeries ; et l’usage a consacré l’expression d'hommes des cavernes, bien que les refuges de nos primitifs ancêtres fussent plutôt d’étendue restreinte. Se plaçant au point de vue de l’habitabilité, M. de Mortillet 1 2 3 a divisé les cavités sou terraines en : cavernes, succession de salles et couloirs, le tout très sombre; grottes, salles s’ouvrant à l’extérieur, plus ou moins bien éclairées; abris sous roche, simples surplombs. M. Fruwirth les a partagées en cavernes à eau, crevasses, et grottes de lave 2. Antre (du sanscrit antara, fente, intervalle) est une dénomination usitée par les poètes au figuré, et qu’on a voulu spécialiser aux grottes les plus effrayantes 3. Nous tenons ces trois termes pour synonymes; celui de Baume (balme, barme, heaume, baouma) les remplace dans l’est et le midi de la France (de Baou, rochers). Desnoyers déclare aussi que « le nom de grotte s’emploie presque indifféremment avec celui de caverne ». Néanmoins si « caverne » est le « terme générique », il est une classification qui s ’impose au point de vue des eaux intérieures : i° Les cavernes où s’engouffrent subitement des cours d’eau qui ont coulé quelque temps à l’air libre : elles ont reçu le nom particulier de Katavothres en Grèce et de Goules * dans l’Ardèche : ce dernier, très expressif, évoque si bien l’idée d’une chose engloutie, que nous tenterons de le généraliser, en l’appliquant aux grottes où se perdent des courants. Dans cette catégorie, doivent rentrer les fissures, très étroites et bouchées par les pierres et la terre, qui, sur les bords ou dans le fond des rivières, absorbent une partie de leurs eaux : ce sont les perles appelées bétoires (Aveyron, Normandie), endouzoirs (Champagne), Sauglôcher ou suçoirs (Autriche), poniqué (Carniole, Bosnie, Herzégovine, Monténégro), etc. 2° Les cavernes, au contraire, d’où s’échappent des courants d’eau, souvent réappari tion des ruisseaux disparus plus haut dans les goules: les unes sont largement ouvertes et pénétrables sur une certaine distance, tout au moins en bateau, et n’ont pas de dénomination particulière; les autres sont complètement fermées par l’eau qui mouille leurs voûtes, et s appellent en Grèce des Képhalovrysi, en France des Foux (Céven- nes), des Blagours (Quercy), des Doux Périgord), des Douix ou Bimes (Bourgogne), etc. Beaucoup de ces sources sont intermittentes, ne donnent de l’eau qu’à des intervalles plus ou moins réguliers et longs; d’autres au contraire ne tarissent jamais, sont pé rennes {per annum, pendant toute l’année). 1. Le Préhistorique, p. 423, 2° édit., Paris, Reinwald, 1885. 2. Ueber Hœhlen, Zeitschrift des deutschen und œsterreichischen Alpen-Vereins, 1883 cl 1885. 3. Caverne est le terme générique; 1 antre et la grotte sont des cavernes; mais l’antre est une caverne pro fonde, obscure, noire ; la grotte est une caverne pittoresque (Littré). : De guia, gueule. — Eu Orient les goules sont de mauvais génies (vampires) qui dévorent les cadavres dans les cimetières. — Dans 1 Isère, au contraire, certaines sources se nomment aussi des goules.