Volltext Seite (XML)
CHAPITRE IX Bramabiau (Gard). Nouvelles recherches de 1889 à 1892. —■ Travaux de MM. Mazauric et Mély. — Découverte d’un filon de fer. — Extrême fissuration du sous-sol. — Dangers d'éboulement. — Utilité de rendre au Bonheur son lit aérien. Depuis que j’ai effectué, les 27 et 28 juin 1888, la première traversée des grottes et de la rivière souterraine de Bramabiau, de nouvelles investigations, continuées chaque année avec succès, ont grandement accru l’intérêt de ce site des Cévennes, qui est réellement un des phénomènes naturels les plus remarquables de la terre. Le développement total des ramifications intérieures aujourd’hui connues dans les cavernes de Bramabiau est de 6,350 mètres environ, au lieu de 1,700 en 1888, et leur enchevêtrement présente une disposition des plus instructives en ce qui concerne l’allure et le travail des eaux souterraines. Ne voulant ici étudier Bramabiau qu’au point de vue de la géographie physique et de 1 hydrologie, je renverrai pour les détails descriptifs et les récits d’explorations à ce que j ai précédemment publié ', et je résumerai brièvement la topographie des lieux. Dans l’angle occidental du département du Gard, sur le revers septentrional des Cévennes et le liane sud-ouest du mont Aigoual (1,567 mèt.), au pied même du col de la Sereyrède, un ruisseau sourd des spongieux tapis d’herbes qui recouvrent un sol de granit : sous le nom de Bonheur, il serpente vers l’ouest pendant 5 kilomètres dans un large vallon, élevé de 1,100 à 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Jadis, ce vallon lut un lac (peu profond) dont les eaux étaient retenues à l’ouest par une digue de calcaires bruns de l’infra-lias, appuyés ici sur le granit ; à l’extrémité nord et au point le plus bas de cette digue, le déversoir du lac tombait en cascades brusques dans un autre vallon, un ravin plutôt (celui de Bramabiau ou de Saint-Sauveur-des-Pourcils) coupé en précipice jusqu’à 100 mètres de profondeur. Aujourd’hui le déversoir a reculé vers l’amont, les cascades passent sous terre et le lac s’est vidé par les flancs crevassés de sa digue occidentale : le Bonheur a agrandi les fissures du calcaire, en a fait de vastes cavernes et reparaît dans le bas du ravin de Saint-Sauveur, au fond d’une sorte d’alcôve latérale, sous la forme d’une source, parfois 1. Les Cévennes, chap. xi, in-8°. — Annuaire du Club alpin français, année 1888. — Bulletin de la Société géologique, 1889, 3° série, t. XVII, p. 613. — Association française pour l’avancement des sciences, 1890 (Limoges), 3® partie, p. 26. — Tour du monde, 1886, 2e semestre, p. 311.