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VI AU LECTEUR. dès 1840, les Autrichiens avaient commencé à rechercher pratiquement s’il n’existait pas une relation quelconque, entre les eaux souterraines des cavernes, et les gouffres ou abîmes, réputés insondables, qui s’ouvrent çà et là à la surface des plateaux calcaires ; — si la pénétration dans ces précipices noirs, terreur des populations, ne conduirait pas à des dômes comme ceux d'Adelsberg, ou à des réservoirs d’eaux pures, suscep tibles de dérivation au profit des villes et des campagnes ; — si bien des problèmes de géologie, de météorologie, d’histoire naturelle, etc., ne pourraient pas être résolus par l’étude méthodique des cavités du sol. Le mouvement ainsi provoqué ne tarda pas à produire de nombreux et intéressants résultats, à révéler une foule de secrets sou terrains; — et l’Autriche put bientôt être appelée à juste titre « la Terre classique des cavernes. » Or les régions calcaires de France possédaient aussi leurs gouffres, aux profondeurs inconnues, de plusieurs centaines de mètres, disait-on, et d’où l’on croyait entendre monter le grondement de cascades internes, —■ leurs cavernes plus ou moins acces sibles aux promeneurs, et donnant quelquefois naissance à des sources puissantes. Toutefois, à deux objets principalement s’était restreinte jusqu’ici l’attention prêtée aux grottes françaises : la mise en valeur de leurs curiosités (concrétions) d’une part; — l’extraction des restes des animaux éteints (paléontologie) et de l’homme primitif (préhistoire) d’autre part. — Les diverses branches de la science, capables de ren contrer dans les cavernes des éléments de progrès, n’y avaient été qu’à peine intro duites : il devait être utile de les y faire pénétrer profondément. Certes, en bien des localités, des observateurs de talent et des chercheurs énergiques avaient fructueusement parcouru, fouillé et décrit mainte excavation étendue et profonde. Mais toute une catégorie de cavités était restée jusqu’ici vierge, ou à peu près, d’explorations : les abîmes^ ces puits naturels qui, sous des noms variés, percent les plateaux, — ces gouffres d’où les vieilles femmes prétendent voir sortir parfois le feu de l’enfer, — et qui, ouverts vastes et dangereux, en pleins champs ou au bord des routes, semblent sinistrement préparés pour les accidents, les suicides et les crimes ! Dans quelques-uns seulement, et des moins profonds, s’étaient opérées, depuis la fin du siècle dernier, de rares descentes, soit de justice (pour des enquêtes criminelles), — soit de naturalistes, — soit même de chiffonniers, allant quérir les carcasses pour la fabrication du noir animal. De ces tentatives isolées, aucune n’avait été poussée à fond; aucune n’avait provoqué de découverte notable. Il fallait des moyens d’actions spéciaux, une suite continue d’efforts, des tâtonnements réitérés, un travail de longue haleine, pour organiser, en quelque sorte, cette entreprise en somme nouvelle. C’est ce que nous avons tenté, et c’est à quoi nous avons réussi, en faisant appel aux ressources les plus perfectionnées de l’industrie moderne, et surtout à la bonne volonté, à l’endurance et aux capacités des nombreux collaborateurs. Avant de les nommer et de les remercier, disons que celte méthode d’explo ration du sous-sol nous a révélé des merveilles rivales de celles du Karst autrichien; — que la pénétration en des lieux considérés jusqu’alors comme inaccessibles, a permis d’entrevoir la possibilité de résoudre une foule de questions obscures; — que tout un pro gramme de recherches et de travaux non encore entrepris, peut dès maintenant être