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AU LECTEUR « Réaliser clans 1 âge mur une pensée de jeunesse est, je crois, la définition la plus exacte qui ait été donnée du bonheur. » Cette maxime pourrait servir d’épigraphe au présent livre, dont 1 auteur est heureux de parfaire, en le publiant, une tâche dès longtemps entreprise, et de remplir un dessein mûri par les années ! En 1866, les stalactites de la grotte de Gargas et le torrent souterrain de celle des Eaux-l haudes, dans les Pyrénées, avaient produit sur mon esprit d’enfant une impres sion si vive, qu elle ne s est jamais effacée, et que j’en garde encore très net le souvenir. J reize ans plus tard, les splendeurs de la caverne d'Adelsberg, en Carniole, me firent envier les heureux pionniers souterrains qui, les premiers, avaient entrevu ses voûtes colossales et étincelantes, restées si longtemps inconnues. Puis, de 1883 a 1885, en parcourant dans tous ses recoins l’étrange pays français des Causses^ je rencontrai partout des orifices noirs et béants, qui m’intriguèrent; les renseignements que je pus recueillir sur ces bouches de grottes ou de gouffres, se réduisirent a des légendes et a des superstitions ; — ainsi je fus amené à les consi dérer comme des énigmes, et a songer que, là aussi, existaient peut-être des cavités souterraines belles a voir et utiles à connaître. En mai 1888, une excursion à Han-sur- Lesse (Belgique), acheva de me passionner pour les mystères des cavernes, et me décida à scruter a leur tour celles du Languedoc. Comme suite à l’investigation de I extérieur des Causses, j’abordai alors l’exploration de leur intérieur, de leur sous-sol, qui, à l’heure actuelle, n’est pas achevée, après six années d’études. Fort heureux furent les premiers essais, à Dargilan (Lozère), et à Bramabiau (Gard). Cinq chapitres de mon précédent ouvrage « les Cévennes » exposent sommairement les péripéties et les résultats de cette campagne de début, et de celle de 1889. Mais, depuis lors, le succès a fait étendre le plan primitif, qui s’est développé, en France, de Vaucluse à la Charente, a touché au Puy-de-Dôme, à la Côte-d’Or, à la Pro vence et a embrassé même la Belgique, le Karst et le Péloponèse ! C’est que, partie du simple point de vue du « touriste » en quête de curiosités naturelles. l’idée première n’a point tardé à revêtir des caractères plus sérieux :