ravanes qui devaient en apporter n’étaient point encore arrivées. Dans le premier dîner que je fis au palais, une assiette de superbes raisins muscats ne fut, comme le vin, qu’un objet d’envie pour la plupart des convives; je fus plus favorisé, et je les trouvai excellents. Quoique la vigne produise ici de très-bons fruits et que les essais qui ont été tentés pour faire du vin aient été assez heureux, un plat de raisin est encore un objet de luxe, tant il y a dans ce pays de négli gence et de paresse. Le surlendemain de mon arrivée, le capitaine général me montra tout l’intérieur du palais, nom pompeux qui n’est guère mérité par le bâtiment qui le porte. Les appar tements en sont vastes, mais tristes et obscurs. L’ameuble ment a été fait dans le pays même. Un petit jardin , assez négligé, dépend du palais. On en a pavé les allées, comme le sont, en général, celles de tous les jardins un peu soignés de ce pays, ce qui leur donne un air guindé et les rend extrêmement tristes. Un jet d’eau ornait autrefois le jardin du palais; mais les tuyaux étaient en bois, ils n’ont pas tardé à pourrir et on ne les a pas renouvelés. Fernando Delgado, qui gouvernait Goyaz à l’époque de mon voyage, y était arrivé le 26 novembre 1809. C’était un homme froid ; il avait de l’esprit, quelque instruction, un ton excellent, une parfaite intégrité, et connaissait le monde. Il désirait sincèrement faire le bien ; mais il avait trouvé partout la résistance passive la plus décourageante, résultat de l’apathie des habitants et de l’insouciance du gouvernement central. Voyant, dès le moment de son ar rivée, que la province de Goyaz ne trouvait presque plus de ressources dans l’exploitation de ses mines , il sentit qu’il