n’est personne qui n’ait une maîtresse; on l’entretient dans sa propre maison, on élève autour de soi les enfants qui naissent de ces unions illégitimes, dont on rougit aussi peu que d’un lien sacré, et, si par hasard quelqu’un se ma rie, il devient aussitôt l’objet du ridicule. Ce relâchement dans les mœurs date du temps où le pays fut découvert. Si les aventuriers qui, les premiers, s’enfoncèrent dans ces déserts avaient avec eux quelques femmes, c’étaient des négresses avec lesquelles leur orgueil ne leur permettait pas de s’unir par le mariage; la même raison les empêcha d’épouser des femmes indigènes : ils n’eurent que des con cubines. Dans l’origine, il dut en être de même de la pro vince des Mines; mais comme elle est moins éloignée des côtes, quelle s’est peuplée davantage, que sa splendeur n’a pas été aussi éphémère, les femmes honnêtes durent y arriver en plus grand nombre. Aujourd’hui même qu’il y a par tout, dans celle de Goyaz, des établissements fixes, quelle femme ne serait pas effrayée par la distance des ports de mer à ce pays central et par les fatigues d’un voyage de plusieurs mois à travers des déserts où l’on manque sou vent des choses les plus nécessaires? Les descendants des premiers colons goyanais ont dû nécessairement marcher sur les traces de leurs pères ; le libertinage est devenu une coutume, et le peuple est continuellement encouragé à s’y livrer par l’exemple de ceux qui le gouvernent. Il est rare que les employés qui se résignent à s’enfoncer aussi loin dans l’intérieur soient mariés. Ils arrivent dans un pays où le concubinage public est général ; ils trouvent commode de se conformer à l’usage, et, en le suivant, ils l’autorisent. Parmi les capitaines généraux qui gouver nèrent la province de Goyaz jusqu’en 1820, il n’y en eut