GO VOYAGE AUX SOURCES surmonté d’un petit drapeau sur lequel était l’image du saint. La cour de l’habitation fut illuminée; on fit un grand feu, et on tira des coups de pistolet ep criant : Vive S. Jean! Pendant ce temps, un joueur de guitare [viola] chantait du nez et de la gorge des modinhas (1) bien niaises sur un ton lamentable, en s’accompagnant de son instrument. En gé néral , c’est, comme je viens de le dire, que les gens du peuple chantent les modinhas; les paroles en sont beaucoup trop gaies, et si l’on n’entendait que l’air, on croirait que c’est celui d’une complainte. Bientôt cependant commen cèrent les batuques, ces danses obscènes que les habitants du Brésil ont empruntées aux Africains ; ils ne furent dan sés d’abord que par des hommes : presque tous étaient des blancs; ils n’auraient pas voulu aller chercher de l’eau ou du bois comme leurs nègres, et ils ne croyaient point s’abaisser en imitant les ridicules et barbares contorsions de ces derniers. Les Brésiliens doivent bien quelque indul gence à leurs esclaves, auxquels ils se sont mêlés si souvent, qui peut-être ont contribué à leur enseigner le système d’agriculture qu’ils suivent, la manière de tirer l’or des ruisseaux, et qui, de plus, furent leurs maîtres à danser. Après les batuques , mes hôtes , sans aucune transition, s’agenouillèrent devant un de ces petits oratoires portatifs que l’on voit dans toutes les maisons, et chantèrent la prière du soir. Cet acte de dévotion dura fort longtemps; quand il fut terminé, on se mit à table et l’on porta des santés.Toute la nuit, on chanta et l’on dansa des batuques; les femmes finirent par s’en mêler, et le lendemain, au mo ment où je partis , on dansait encore. C’est ainsi que fut (1) Les modinhas sont des chansonnettes particulières au Brésil.