DU RIO DE S. FRANCISCO. 59 Les femmes qui habitaient Lage n’étaient point dans l’in digence; la principale d’entre elles portait même des bi joux d’or, et cependant sa maison n’avait pas même de porte. Dans ce pays, comme on l’a déjà vu, la bonne foi ne préside pas toujours aux transactions, mais il est sans exemple qu’on entre dans une maison pour y prendre quel que chose (1819). Au delà de Lage le pays est plat; on continue à parcourir des campos parsemés d’arbres rabougris, mais des lisières de bois bordent tous les ruisseaux. La sécheresse était tou jours extrême et les plantes sans fleurs. Comme on m’avait prévenu qu’en suivant la grande route je serais obligé de passer le Rio Uruhu sur un pont qui était sur le point de tomber, je me décidai à prendre un chemin de traverse pour aller gagner un autre pont. La maîtresse d’une petite habitation m’offrit très-poliment de me donner son fils pour me guider ; j’acceptai sa proposi tion, et, sans ce jeune homme, je me serais probablement égaré. 11 est à remarquer que, dans l’intérieur du Brésil, où l’on voit peu d’étrangers et où l’on est naturellement bon et obligeant, ces petits services se rendent sans aucune espérance de rétribution. A 5 legoas de Lage, je fis halte à l’habitation de Man- dinga (sorcellerie) (1 ), à peu près aussi chétive que le sont ordinairement celles de ce pays. Ce soir-là (25 juin), on y célébrait une grande fête, celle de S. Jean. Chaque année, les cultivateurs du voisinage ti rent au sort pour savoir chez qui se fera la fête ; c’était le tour de mon hôte. On commença par planter un grand mât (1) Le mot mandinga est africain.