56 VOYAGE AUX SOURCES toujours fraîches et la rosée d’une extrême abondance. Au delà de Goyabeira, je rencontrai une grande cara vane; ce n’était que la seconde depuis Formiga, ce qui prouve combien, dans ce pays, le commerce a peu d’ac tivité. Celle-ci était partie de S. Paul; elle avait fait le voyage de Cuyaba ; de là elle était venue à Goyaz pour se rendre à Bahia, mais le propriétaire, ayant appris que les pâturages du sertao (désert) de Bahia étaient entièrement desséchés et n’offriraient aucune nourriture à ses mulets, avait pris le parti de retourner à S. Paul. Des voyages aussi gigantesques étonnent l’imagination, quand on songe que les marches sont tout au plus de 5 à 4 lieues, que l’on est souvent obligé de séjourner en plein air ou sous un triste rancho, qu’il faut se condamner aux plus rudes pri vations et presque toujours traverser des déserts. L’habitation où je fis halte, à 5 legoas de Goyabeira, porte le nom de Rancho das Areas (le rancho des sables), et me parut considérable, à en juger non par le logement du maître, mais par les terres en culture que je vis dans les alentours et le grand nombre de bestiaux qui erraient au • près de la maison. Je m’établis sous un rancho très-grand et bien entretenu qui dépendait de cette habitation. Il était entouré d’énor mes pieux serrés les uns contre les autres, qui, à la vé rité, ne s’élevaient pas jusqu’au toit, mais qui, du moins, garantissaient de la voracité des pourceaux les effets placés sous le hangar. A peine mes malles furent-elles déchargées, que les gens de la maison entrèrent dans le rancho pour admirer les marchandises de José Marianne, et je fus tout étonné de voir une troupe de femmes au nombre des curieux. Toutes,