Volltext Seite (XML)
54 VOYAGE AUX SOURCES déjà âgé, au milieu duquel on aurait laissé un grand nom bre de baliveaux. Des Acanthées et une couple d’Amaran- tacées furent à peu près les seules herbes que je trouvai en fleur en parcourant les six premières lieues du Mato Grosso. La dernière partie de ce bois offre une végétation beaucoup plus belle que la première; là des arbres, la plupart vigou reux, assez rapprochés les uns des autres, sont liés entre eux par un épais fourré d’arbrisseaux et de lianes, et, en certains endroits, des bambous fort différents de ceux que j’avais vus au-dessus de Jaraguà, à tiges plus grandes et moins grêles, forment d’épais berceaux. Au milieu du Mato Grosso, il existe de grandes clairières où croît uniquement du capim gordura, Graminée qu’à cause de son odeur fétide on nomme ici capim calingueiroou simplement catingueiro (1) : ces lacunes étaient autrefois couvertes de bois ; on mit le ter rain en culture, et le capim gordura a fini par s’en emparer. Malgré la sécheresse, la verdure du Mato Grosso était en core extrêmement fraîche (20 juin), et des feuilles nombreu ses couvraient la plupart des arbres, bien différents, en cela, de ceux des catingas de Minas Novas (2) qui, à la même épo que de l’année, sont presque aussi nus que les forêts de l’Europe au cœur de l’hiver. Je suis persuadé que, lorsqu’on (1) Du mot catinga, mauvaise odeur, celle, en particulier, qui résulte de la transpiration. (2) Les catingas sont des forêts qui perdent leurs feuilles chaque année et sont moins vigoureuses que les bois vierges proprement dits (voyez mon Voyage dans les provinces de Rio de Janeiro, etc., II, 98, 101, et mon Tableau géograph ique de la végétation primitive, etc., dans les Nouvelles Annales des Voyages, vol. III). Pris dans ce sens, le mot catinga n’appartient pas à la langue portugaise; il est dérivé des deux mots indiens caa, tinga, bois blanc (Voyage dans le district des Diamants, etc., 11, 360).