52 VOYAGE AUX SOURCES ans, et où plusieurs de nos compatriotes, misérables aven turiers , avaient achevé de détruire ce qui restait encore de notre antique réputation. Quoi qu’il en soit, les personnes de ce pays qui ont fait quelques études, comme le chapelain de Jaraguâ , les né gligent bientôt, parce qu’elles sont en nombre infiniment petit. Qu’un homme instruit soit jeté dans un des villages de la province de Goyaz, il ne trouvera personne avec qui il puisse s’entretenir de ses goûts et de ses occupations fa vorites ; s’il rencontre des difficultés, personne ne pourra l’aider à les surmonter, et jamais l’émulation ne soutiendra son courage; il se dégoûtera peu à peu des études qui fai saient son bonheur; il les abandonnera entièrement, et finira par mener une vie aussi végétative que tous ceux qui l’entourent. Le chapelain de Jaraguâ était un mulâtre : j’ai déjà fait l’éloge de sa politesse; mais elle avait quelque chose d’humble qui tenait à cet état d’infériorité dans lequel la société brésilienne retient les hommes de sang mélangé (1819), et qu’ils n’oublient guère quand ils sont avec des blancs. Cette infériorité n’existe réellement pas, si l’on prend pour objet de comparaison l’intelligence des uns et des autres; peut-être même pourrait-on assurer que les mulâtres ont plus de vivacité dans l’esprit et de facilité pour apprendre que les hommes de pure race caucasique; mais ils participent à toute l’inconsistance de la race africaine, et, fils ou petit-fils d'esclaves, ils ont des sentiments moins élevés que les blancs, sur lesquels pourtant ne réagissent que trop les vices de l’esclavage. Le chapelain de Jaraguâ ne fut pas la seule personne no table que je vis dans ce lieu ; je reçus la visite d’un autre