DU RIO DE S. FRANCISCO. 29 Corumbâ ne paraissent pas moins incultes que les lieux les plus éloignés de toute habitation. Le chemin est si peu fré quenté, que, sur le bord des ruisseaux, le capim gordura en a fait presque entièrement disparaître la trace. Avant d’arriver à Corumbâ, j’envoyai José Marianno demander un gîte au desservant, qui lui indiqua une mai son inhabitée, comme il y en a tant dans tous les villages qui ont été peuplés par des mineurs. J’avais à peine pris le thé, que je reçus la visite du curé de Meiaponte et d’un autre ecclésiastique qui étaient venus se promener à Co rumbâ. Comme tous les habitants du pays, ces messieurs se plaignaient amèrement de la falsification de l’or, de la dîme et de l’abandon dans lequel le gouvernement laissait cette malheureuse province. Le petit village de Corumbâ a la forme d’un triangle et est situé sur le penchant d’une colline, au-dessus de la ri vière qui lui donne son nom. Ses rues sont larges, ses mai sons petites et extrêmement basses. Des mineurs s’étaient fixés dans cet endroit pour exploi ter les bords aurifères du Corumbâ. Après leur mort et celle de leurs esclaves, le travail des mines, devenu pro bablement plus difficile, fut entièrement abandonné, et les habitants du village tombèrent dans l’indigence. La plupart de ceux d’aujourd’hui sont des ouvriers qui travaillent pour les cultivateurs du voisinage, et ordinairement ne sont payés qu’en denrées. Les femmes filent du coton, et, pour salaire, ne reçoivent non plus que les produits du sol. Co rumbâ jouit cependant d’un très-grand avantage ; on estime beaucoup le tabac de ses alentours, qui sont fort élevés, et on le porte dans plusieurs des villages de la province. Corumbâ est une succursale [capella] qui dépend de la