310 VOYAGE AUX SOURCES Bientôt on parvient au Rio Grande; mais les bois qui couvrent ses bords ne le laissent apercevoir que par échap pée. A. cette époque, celle qui précède immédiatement la saison des pluies, cette rivière pouvait avoir la même lar geur que la Seine, à Paris, devant le jardin des plantes; ses eaux coulaient avec majesté, et des hérons blancs comme la neige se promenaient avec lenteur sur les bancs de sable qui s’élevaient de son lit. Quoiqu’on soit arrivé sur le bord du Rio Grande , on est encore loin de l’endroit ou on le passe. D’abord, on traverse pendant quelque temps un terrain marécageux et couvert d’herbes qui s’étend, paral lèle au fleuve, entre deux lisières de bois, dont l’une borde ses eaux. Le chemin partage ensuite cette dernière, et le voyageur marche sous un berceau de verdure, où, de temps en temps, il aperçoit le fleuve à travers le feuillage des ar bres. Les oiseaux, si rares dans les campos, sont ici fort communs; des colombes, des perroquets et une foule de petites espèces voltigent entre les branches, en faisant en tendre leur ramage ; le fura olho, peu timide, ne change pas même de place à l’approche du voyageur, tandis que les oiseaux-mouches passent et repassent avec rapidité, comme s’ils étaient emportés par le vent. On suit ce joli chemin dans un espace d’environ 1 lieue portugaise, et l’on arrive à l’endroit où l’on s’embarque pour traverser le fleuve. Là est un rancho (4819) couvert en tuiles, ce qui est fort extraordinaire dans ce pays où les toits des hangars destinés au voyageur le sont ordinaire ment avec du chaume ou des feuilles de palmier. Les hom mes traversent la rivière dans une pirogue; on la fait pas ser aux animaux et aux marchandises sur une sorte de plancher qui recouvre deux pirogues réunies. LeRioGrande